Un article de Mediapart démolit le modèle économique du groupe Pierre et Vacances, et montre la collusion existante avec les pouvoirs publics.
Roi du bétonnage, le groupe Pierre et Vacances bénéficie d’un soutien financier inédit des pouvoirs publics, à coups de gigantesques niches fiscales, pour une offre de tourisme stéréotypée et déficitaire. C’est aussi un gros émetteur de gaz à effet de serre. Son dernier Center Parcs, à Roybon, est pour l’instant suspendu.
Vendredi 10 juillet, à 9 heures, Laurent Fabius avait inscrit un important rendez-vous à son agenda de ministre des affaires étrangères, l’inauguration d’un nouveau Center Parcs à Morton, dans la Vienne : 264 hectares de surface arborée, 800 cottages, une bulle d’air tropical avec piscine et toboggans. La veille, il a finalement annulé sa venue. Le nouveau site de vacances du groupe Pierre et Vacances appâte les dirigeants politiques. Ségolène Royal – encore présidente de la région Poitou-Charentes – est venue lancer le chantier en avril 2014 avec Jean-Pierre Raffarin, sénateur du cru.
Ce ne sont pas que de simples mondanités institutionnelles. C’est la marque d’un soutien officiel et répété des pouvoirs publics à un groupe qui bétonne des dizaines d’hectares chaque année, détruisant espaces naturels et paysages à grands renforts d’argent public et de subsides des particuliers, au service d’une offre de tourisme stéréotypée et gravement déficitaire.
Au premier semestre, le groupe Pierre et Vacances a perdu 87 millions d’euros, après en avoir consumé 110 l’an précédent sur la même période. Sur les trois dernières années, en exercice complet, il a perdu près de 102 millions d’euros (en résultat net). La construction puis l’exploitation des Center Parcs et autres résidences de villégiature émettent des dizaines de milliers de tonnes de CO2. Ce désastreux bilan carbone rend surréelle la présence du ministre de la COP 21, le sommet du climat, lors de la cérémonie d’ouverture à Morton.
En Isère, des dizaines de personnes occupent la forêt de Chambaran pour bloquer les travaux d’un autre Center Parcs, celui de Roybon. Et l’occupation pourrait bien durer, le tribunal administratif de Grenoble ayant décidé jeudi 16 juillet d’annuler un arrêté préfectoral indispensable à la construction du centre. « Cela n’a aucun rapport, Laurent Fabius vient avec sa casquette de soutien au tourisme  », assurait le Quai d’Orsay avant d’annuler sa visite. C’est pourtant bien l’absence de lien fait entre la lutte contre le dérèglement climatique et la promotion de ce type de tourisme qui pose problème.
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« Le grand bétonnage, une bombe climatique  », un article de Médiapart, où on voit que le système économico-politique en place n’entend absolument rien changer aux habitudes de bétonnage et de destruction des espaces, qui aggravent les rejets de CO2 et hypothèquent l’avenir. Ce qui est logique, puisque la croissance et "l’emploi" priment.
On voit bien avec ce type de faits que les COP21 et autres discours "écolos" ne sont que du greenwashing pour endormir les gens et faire croire à la préoccupation des puissants pour notre avenir.