Roybon le 10 juillet 2020
« D’abord ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, ensuite ils vous combattent, et à la fin vous gagnez » (Gandhi)
La presse a fait un large écho à l’annonce par G Brémond, le Pdg de P&V, de l’abandon de son projet d’implantation d’un Center-Parcs dans les Chambaran. Il s’en est expliqué notamment dans une interview publiée par « Les Echos », le 8 juillet dernier.
C’est bien sûr une victoire pour nos adhérents et sympathisants, qui nous conforte dans la stratégie menée pendant plus de 10 ans face à un groupe qui a fait de l’immobilier de loisirs son cheval de bataille, et qui renonce à un projet à 390 M€, après avoir épuisé tous les recours possibles, et tenté de discréditer notre association et l’ensemble des opposants au projet.
Dans ses déclarations à la presse, Monsieur Brémond, après avoir rappelé son « engagement en faveur d’un tourisme responsable et durable », invoque pêle-mêle des « changements de réglementation, les (trop) nombreuses autorisations administratives concernant le défrichement, le permis de construire, la préservation des espèces, la lenteur de la justice, les zadistes… ». Pour ce qui est de la lenteur de la justice, Monsieur Brémond oublie tout simplement qu’il a déposé tardivement le dossier central « loi sur l’eau » en 2014, au moment où la commission d’enquête émettait un avis défavorable sur l’ensemble du projet. Il passe également sous silence les nombreux recours que ses avocats ont initiés aux fins de minimiser les surfaces de zones humides menacées directement par le projet, jusqu’à solliciter en dernier lieu l’arbitrage du conseil d’Etat qui l’a désavoué. L’abandon du projet de Roybon est donc avant tout dicté par des considérations pratiques, à savoir une situation juridique et une impasse économique intenables plus longtemps par le groupe.
C’est aussi un démenti cinglant et une leçon de modestie imposés aux élus de tout bord qui ont, au départ, « vendu » le projet à la population locale en lui faisant miroiter des retombées économiques conséquentes, tout en se gardant bien d’en mentionner le coût environnemental exorbitant. Les subventions et les contrats de prise en charge des coûts « indirects » signés à la va vite par les collectivités régionales n’auront pas suffi pour neutraliser l’opposition à un saccage programmé.
Pour autant, le terrain appartient toujours à P&V, ce qui doit nous amener à rester vigilants sur les intentions de son propriétaire. PCSCP restera donc mobilisé tant que les quelque 200 Ha du projet n’auront pas été sécurisés (et remis en état après défrichement) au regard de la loi sur l’eau. Il en ira de même en cas de menace environnementale sur les Chambaran en général, et le bois des Avenières en particulier, qui, encore une fois, constituent une zone stratégique pour l’eau et la biodiversité.
L’interview de Gérard Brémond le jeudi 9 juillet sur France-Inter au journal de 13 :00 est un concentré de contre-vérités et de mensonges sur les raisons réelles de son abandon du projet. Il n’hésite pas, en effet, à accuser de tous les maux les zadistes, et s’embrouille dans le dossier juridique en confondant permis de construire et « loi sur l’eau » ! Il désarçonne ensuite le journaliste qui l’interroge sur les conséquences de cette mauvaise nouvelle pour P&V, en répondant qu’au contraire le groupe développe partout en France et en Europe des projets dans la plus parfaite harmonie avec les collectivités et les populations locales ! Entretemps, il a pu replacer ce gros mensonge plusieurs fois dénoncé par PCSCP concernant le chômage dans le canton de Roybon, qui n’est, selon l’INSEE pas supérieur à la moyenne enregistrée sur l’ensemble du territoire national.
On n’en est plus à un mensonge près. Mais il ne suffit pas de verdir ses déclarations pour accéder au statut d’écologiste et de défenseur de l’environnement.