La ministre : "Nous célébrons, en ce 2 février, la Journée mondiale des zones humides. Marais, bocages, tourbières, lagunes, mangroves... les milieux humides abritent une biodiversité exceptionnelle. Ils sont aussi un havre pour les espèces migratrices qui voyagent d’un continent à l’autre. Et, par leur caractéristique d’être recouverts de façon intermittente par l’eau douce, ils jouent un rôle primordial dans l’épuration des eaux et la prévention des crues. Les zones humides sont protégées par la convention de Ramsar, signée en 1971. La France participe activement à leur protection. Car vous le savez..."
Un citoyen : "Madame la Ministre, Ã Notre-Dame-des-Lan..."
Le policier (heurtant avec sa matraque la tête du citoyen) : "BING."
La ministre : "... la situation des zones humides est catastrophique. Dans un article paru en 2012 dans la revue Geophysical Research Letters, des chercheurs conduits par Catherine Prigent ont montré que, entre 1993 et 2007, la superficie des milieux humides avait régressé de 6 %. C’est une diminution vertigineuse. En France, une étude sur 152 zones humides a conclu qu’entre 2000 et 2010 la moitié s’étaient dégradées. Le gouvernement français met tout en oeuvre pour enrayer cette évolution..."
Un citoyen : "Madame, beaucoup de zones humides sont des prairies naturelles et des bocages. A Notre-Da..."
Le policier : "BING."
La ministre : "Car, comme l’a dit le président de la République lors de la conférence environnementale, "Comment rester impassible face aux atteintes irréversibles à la biodiversité ? Comment laisser croître notre dette écologique envers les autres ? La question se résume ainsi : serons-nous solidaires des générations à venir ou trop cupides, trop avides [au point de] laisser à nos enfants un fardeau encore alourdi du poids de nos égoïsmes ?""
Un citoyen : "Mais à No..."
Le policier : "BING."
Un citoyen : "Bonjour, je suis pêcheur. Chez nous, dans l’Isère, à Roybon, un projet de Center Parcs vise à artificialiser des terrains situés sur deux bassins versants. Deux cents hectares, classés à 85 % en zone humide, seraient artificialisés."
Le policier : "Chef ?"
Le chef : "Hmm..."
Le citoyen : "Nous voulons empêcher cette destruction. Mais M. Vallini, président du conseil général et sénateur, est à fond pour. Il est socialiste..."
Le chef : "Ah !"
Le policier : "BING."
La ministre : "Eh bien, vive la transition écologique, vivent les zones humides !"
kempf@lemonde.fr
Hervé Kempf (Ecologie)
Source : Le Monde du 4 février 2013