Montrigaud, 04 juin 2010
Objet : ENQUÊTE PUBLIQUE pour une demande de permis de construire pour SNC ROYBON Cottages
Mr le commissaire enquêteur,
Le permis de construire relatif à cette enquête publique concerne la création d’une mini-ville de plus 1000 habitations en pleine nature ...
Voisin proche du site, et amoureux des espaces encore vierges où la nature peut s’exprimer, se manifester librement comme cela est trop rarement le cas aujourd’hui en France, je suis particulièrement sensibilisé par tout ce qui porte atteinte à l’intégrité des Chambaran.
Ce type de projet, dont le promoteur, Pierre et Vacances, s’est spécialisé depuis de nombreuses années, est aujourd’hui complètement incohérent avec notre compréhension des enjeux environnementaux actuels et pour preuve, avec les schémas d’orientations de développement que le gouvernement a initié dans les Grenelle I et II.
Une analyse rapide permet de se rendre compte de la nocivité d’une telle installation pour l’environnement, encore sauvegardé, des Chambaran.
1) Des allers/retours massif sur des routes non adaptées avec des collectivités dont les budgets sont en baisse :
Imaginez autour de Roybon 2000 véhicules qui se croisent pour se rendre sur le site du Center Parcs ...
Ou vont t’ils passer ?
Comment vont vivre tous les riverains actuels d’une route de campagne jusqu’à présent tranquille et qui avaient décidé de s’installer là pour goà »ter au silence de la campagne ...
Comment un promoteur privé peut t’il gâcher la vie de plusieurs dizaines voire centaines de familles roybonnaises et des villages de transit alentours et sans compensations financières pour ces nuisances ??
Les routes ne sont pas adaptées à une fréquentation si importante ....Et surtout il faudra aussi les adapter à la circulation de camions qui alimenteront le Center Parcs ...
Qu’en sera t’il de l’hiver quand il faudra déneiger ? Qui paiera le déneigement ? Et si les collectivités à cours d’argent dans les années qui viennent ne suivaient la rénovation des routes indispensable pour gérer une si forte fréquentation ?
La topologie semi montagneuse, si particulière des Chambaran, et principalement de Roybon, n’autorise pas la création d’un tel site, sans de graves désagréments pour les riverains ...
2) Atteintes à une nature d’une richesse extraordinaire dont les compensations offertes semblent bien dérisoires
La circulation automobile intense va faire fuir les animaux sauvages dont, l’un des plus connu, le cerf ,nécessite une indispensable quiétude sachant qu’il se maintient aujourd’hui difficilement en Chambaran . De graves collisions mortelles seront inévitables.
La petite faune sera écrasée. La bécasse des bois présente par dizaines sera expulsée de son domaine ou viendra s’assommer contre l’aquadome pendant sa migration russo-africaine.
203 hectares sont extraits d’une forêt d’une richesse inestimable avec la présence de nombreuses zones humides dans lesquelles évoluent de multiples espèces protégées avec des ruisseaux en aval qui hébergent l’écrevisse à pattes blanches ...
Pierre & Vacances propose des mesures compensatoires en proposant le reboisement de terrains à proximité des Chambaran ( cf : L’assocation pour le développement forestier des bonnevaux chambarans : Programme de boisement compensateur )...
Quelle farce !!! Comment peut-on accepter de substituer une zone naturelle, d’un seul tenant, de plus de 200 hectares, composée de châtaigniers, de charmes et de chênes, riche en biodiversité avec des bouts de terrains éparpillés, composés pour certains de vulgaires résineux, sans valeur floristique ni faunistique....
Peut on accepter pareils marchandages ? Comment les animaux et les plantes du lieu vivront-ils cette compensation ?
Je vous invite à ce titre à consulter le document émis par le ministère de l’écologie concernant les mécanismes de compensation de la biodiversité ... ( http://pcscp.org/IMG/pdf_Note_Mecanismes-compensation.pdf ) qui présente des solutions plus réfléchies que ce que propose Pierre & Vacances ...
La préfecture de l’Isère ne s’y est d’ailleurs pas trompée en rendant son avis sur l’étude d’impact du site le 16 mars 2010 ...( http://pcscp.org/IMG/pdf_AE_38_PC_Center_Parcs_a_Roybon_cle75649b.pdf ) où le site est présenté comme sensible. Il y est mentionné une étude d’impacts superficielle où les problématiques de l’eau et des mesures compensatoires sont carrément absentes du dossier !
La préfecture juge que le maître d’ouvrage ne se préoccupe pas des espères protégées ...
3) Des promeneurs, chasseurs, cueilleur(s,) exclus
203 hectares pour le center parcs, c’est de 203 hectares de moins pour les animaux mais aussi les hommes qui fréquentent habituellement les lieux au grès des saisons : promeneurs, cueilleurs, chasseurs, naturalistes, joggueurs ...
Comment feront t’ils maintenant une fois que cette zone sera retirée.. Iront t’ils se promener à saute-montons, sur chacun des petits bouts compensateurs ?? Se contenteront t’ils de la pauvreté des zones compensées ?
4) Une consommation excessive des ressources et besoins d’infrastructures gigantesques pour assurer l’exploitation du site
Comment peut accepter de garder une bulle chauffée toute l’année à 29° avec des hivers qui descendent à -25° ?
Center parcs veut utiliser le chauffage par biomasse, joli nom pour remplacer le chauffage au bois ... savez-vous qu’il faudra, chaque année, récolter du bois sur presque 20 hectares pour chauffer le centre et les cottages attenants ?
Les consommations d’eau seront à la hauteur d’une ville de 5000 habitants et cela représentera 15% supplémentaires de l’eau pompée de Viriville ...
Où est le développement durable dans la construction d’un Tahiti de pacotille dans ce qui est nommé les «  les terres froides  » ? ...
Il est prévu des infrastructures pour récupérer l’eau et évacuer l’assainissement jusqu’à Saint Sauveur... ouvrages qui vont demander des travaux herculéens avec l’utilisation d’une pompe de relevage pour franchir un col ...
Quid du renforcement du réseau électrique qu’il va falloir acheminer de toute façon sur les lieux ..
Quelle énergie dépensée pour amener un site de cette ampleur au milieu de la nature ?
5) Des risques de pollutions transverses notamment au niveau de la nappe aquifère qui alimente tout le bassin nord Drôme ...
Une thèse soutenue le 17 mai 2006 par M. Rémi de La Vaissière, pour obtenir le grade de docteur de l’Université d’Avignon avait pour thème "l’Étude de l’aquifère néogène du Bas-Dauphiné", soit tout le bassin hydrologique du Sud-Grésivaudan au Nord de la Drôme.
La conclusion de sa thèse est sans appel : «  Zones à protéger en priorité  : Pour l’alimentation en eau potable, les zones d’alimentation des flux régionaux sont à protéger en priorité et de manière durable : plateau de Chambaran et de Thivolet – Zone de protection maximale comprenant les zones d’altitude et les hautes vallées (400 km2)  ». La totalité de la thèse se trouve sur le site internet http://www.lha.univ-avignon.fr/, à la rubrique "Thèse et auteurs".
L’installation d’une telle structure avec 20 hectares imperméabilisés fait donc courir un risque sur notre patrimoine à tous : une eau disponible d’une qualité exceptionnelle ..
L’étude d’impact a t’elle évaluée ce risque ? Il semble que non ...
6) Des promesses d’emplois douteuses
Le succès de cette installation repose essentiellement sur l’idée que des emplois seront créés (350 équivalents temps pleins ) et quelques Roybonnais croient aux promesses d’une vie meilleure ...
Pierre & Vacances demande aux candidats une souplesse pour s’adapter au rythme de la saison touristique ... La plupart des emplois seront à mi-temps voire moins pour certains...
L’utilisation de sociétés de services par Pierre & Vacances, à la place d’embauches directes, engendrent des conflits sociaux sur de nombreux sites ...
On peut, entre autres, citer celui de Laon, où les cadences infernales sont demandées : http://www.lunion.presse.fr/article/economie-a-la-une/nouveau-conflit-avec-les-agents-dentretien-au-center-parcs-linspection-du-http://www.lunion.presse.fr/article/economie-a-la-une/nouveau-conflit-avec-les-agents-dentretien-au-center-parcs-linspection-du-
C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres sur lesquelles je vous épargne mes commentaires, que je ne peux que m’opposer, Monsieur, à la construction de ces cottages ...
Personnellement, je ne suis pas contre la création d’un tel projet mais PAS à Roybon sur un lieu naturel d’une si grande richesse.
Ce genre de projet devrait se situer sur un site facilement accessible (comme c’est le cas pour tous les Center Parcs actuellement ), en plaine ou en région semi désertique de basse ou de moyenne montagne par exemple ...
Et pourquoi ne pas récupérer des terres agricoles, fatiguées par l’intensité des cultures, que l’on pourrait reboiser dans le cas d’un tel projet ? ( par exemple dans la plaine de Beaurepaire )
Cela éviterait une déforestation massive dans des lieux riches en biodiversité et apporterait de la nature, des bois dans des plaines désertifiées par les céréaliers dont les champs occupent aujourd’hui des surfaces à perte de vue ...
Avec une politique sociale plus humaine, un tel projet serait presque tentant ...
Vous remerciant par avance, pour l’attention que vous aurez apporté à la lecture de ce présent document, et en espérant qu’il vous aura touché quand à la nécessité de préserver ce site précieux du bois des Avenières, je vous prie d’agréer, Monsieur le commissaire enquêteur, mes plus sincères salutations ...
Stéphane PERON