Après une expansion à marche forcée, le groupe a engagé son repli sous la
pression de Pékin.
La cure d’amaigrissement imposée par le gouvernement chinois au géant HNA, est aussi impressionnante que la boulimie d’acquisitions qui l’a précédée. « Le gouvernement chinois a lancé cet été un ultimatum, obligeant le conglomérat à vendre ses investissements hors de Chine dans les plus brefs délais », confie un bon connaisseur du groupe.
Fleuron chinois du secteur privé, HNA, présent dans le tourisme, la logistique et le transport aérien, est considéré comme un « rhinocéros gris » par la presse chinoise à cause de son endettement inquiétant. Avec Fosun (actionnaire du Club Med), Wanda (présent dans l’immobilier, le cinéma et les parcs d’attractions) et l’assureur Anbang, ils sont quatre à être dans ce cas. Quatre géants très endettés et dont la frénésie d’acquisitions a fait craindre pour le système financier chinois.
Depuis l’an dernier, HNA se serait déjà délesté de 17 milliards de dollars d’actifs. Mais il a dépensé plus de... 50 milliards dans des rachats hors de Chine ces dernières années.
« HNA doit vendre très vite tous ses actifs offshore. C’est plus une question politique que financière », analyse un observateur.
Selon l’agence Bloomberg, HNA a mandaté des conseillers pour trouver des repreneurs à Swissport, racheté à l’été 2015. Valorisé 3 milliards de dollars, l’entreprise de prestation de services aéroportuaires au sol intéresserait une société d’investissement américaine, Cerberus Capital.
La Chine comme un eldorado
Le géant chinois négocie aussi la vente d’un immeuble, placé sous la surveillance du
gouvernement américain pour sa proximité de la tour Trump, à Manhattan. Toujours selon Bloomberg, le bâtiment pourrait être repris par B & L Management pour 452 millions de dollars. Il avait été acheté 463 millions de dollars en 2016, par HNA associé à des partenaires.
En France, Pierre & Vacances se prépare au départ de son partenaire chinois d’ici à la fin de l’année. En 2015, HNA a pris une participation de 10 % dans le groupe d’immobilier et de tourisme. Depuis, Pierre & Vacances a multiplié les projets dans l’empire du Milieu, avec HNA et d’autres partenaires financiers. Son fondateur, Gérard Brémond, considère la Chine comme un eldorado. « HNA recentre ses intérêts sur la Chine. Une cession de sa participation dans Pierre & Vacances s’inscrirait dans cette logique. Nous discutons avec un certain nombre de partenaires, dont la Caisse des dépôts chinoise avec qui nous collaborons déjà  », confie Thierry Hellin, directeur général adjoint du groupe.
Chen Feng, cofondateur de HNA, est désormais seul aux commandes après le décès
accidentel du patron, Wang Jian. Âgé de 65 ans, Wang Jian a fait une chute mortelle début juillet, alors qu’il était en villégiature dans le Vaucluse. « Le grand mouvement de
désendettement a débuté l’an dernier. Les cessions et le recentrage sur l’aérien et le tourisme étaient déjà engagées avant la mort de Wang Jian. HNA réduit ses ambitions dans l’hôtellerie », affirme Emmanuel Gros, banquier d’affaires chez B &A.
En avril, HNA a cédé sa part de 25 % acquise il y a un an et demi dans le groupe hôtelier Hilton, pour 6,3 milliards de dollars. En juin, il a vendu au thaïlandais Minor International sa part de 26,5 % dans l’espagnol NH Hotel Group, pour 622 millions d’euros.
Enfin, ce mois-ci, HNA a renoncé à son investissement dans Radisson (486 hôtels). Il en a cédé le contrôle à un consortium mené par son compatriote Jin Jiang. Déjà propriétaire de Louvre Hotels (Campanile, Kyriad), Jin Jiang vise, lui, une place de leader mondial de l’hôtellerie, d’ici cinq ans.
Par Mathilde Visseyrias le 21/08/2018