Center Parcs dans les Chambaran : Le pont d’Or des collectivités
Bloqué par un recours déposé devant le tribunal administratif par notre association (Pour les Chambaran Sans Center Parc), le projet n’en reste pas moins vanté à tout-va dans les médias par, entre autres, le Conseil Général. Des chiffres prometteurs sortent régulièrement de la bouche des élus soutenant cette opération. Qu’en est t’il vraiment ?
Serions-nous juste, comme on cherche à le faire croire, une poignée d’écologistes et de riverains, irresponsables sur le plan économique ? Voyons cela de plus près :
Des emplois, Oui, mais à quel prix et payés par qui ?
Pendant la phase de travaux, Mr le président du Conseil général annonce «  1500 emplois pendant deux ans  ». Or au vu des chiffres du Center Parcs de l’Ailette (Picardie) projetés sur Roybon, ce serait environ 500 000 heures de travail soit 150 ouvriers par mois sur deux ans, dix fois moins… Où est l’erreur ?
De plus les entreprises locales ne seront consultées que si elles se regroupent. Comment ces entreprises pourront-elles faire face aux grands groupes avec lesquelles Pierre et Vacances a l’habitude de travailler ? Et pour ces PME du département, il faudra sans doute abandonner l’espoir d’un soutien du Conseil général, les sommes prévues pour elles, iront vraisemblablement au soutien de l’opération Center Parc.
Pour ce qui est de l’exploitation du centre de vacances, il est annoncé la création de 697 emplois. Mais la moitié sera à temps partiel, avec, selon nos calculs, de l’ordre de 300€ de salaire par mois. Peut-on vivre décemment avec une somme pareille ? Et plus généralement peut-on vivre décemment dans le groupe Pierre et Vacances, qui a recours de plus en plus à de la sous-traitance pour s’éviter notamment les conflits sociaux.
Quelques exemples : Turn-over de 30 % au Center Parcs de Moselle au cours des 6 premiers mois d’activité en 2010, des recours au Conseil des Prudhommes de plus en plus fréquents autour des Center Parcs comme en Picardie.
De plus cet «  industriel du Tourisme  » fait même appel au groupe européen ELIOR pour la restauration. Est-ce cela l’image de notre tourisme, quand on sait que l’attrait pour nos restaurants est un argument fort dans la visite de notre pays. Et il y en a beaucoup dans les Chambaran… Mais peu de clients du Center Parcs, enfermés dans leur bulle, s’y rendront !
Et au vu de nos calculs, n’est-il pas scandaleux que les différentes aides publiques rapportées au nombre d’emplois crées, permettent de payer les salaires des employés d’une entreprise privée pendant pendant 20 ans … Est-ce cela l’économie libérale ?
Aujourd’hui, où la dette publique est reconnue de tous, peut-on encore soutenir un projet privé qui ne fera que l’accroître ?
En clair, le système s’appuie sur le maximum d’aides publiques, 170 M€ d’Euros selon notre approche : une aide communale estimée à 16 M€ liée à la vente de terrains constructibles au prix du bois, 15M€ du conseil général, 7M€ de la Région, 8M€ de la communauté de communes (empruntés !), 124 M€ d’aides fiscales. C’est, en définitive 44 % de l’investissement qui est financé par la collectivité. N’est-ce pas largement aberrant ?
N’est-il pas scandaleux aussi que cette aide aille, comme le vante les différentes publicités immobilières aux personnes pouvant défiscaliser plus de 8000 € par an alors que nous parlons de rééquilibrer la dette publique, notamment par des efforts selon les ressources de chacun ?
Et le pire n’est peut être pas encore anticipé de notre part. L’assainissement de ce projet est à la charge de la collectivité. La solution technique retenue, sur 27 km avec pompes de relevages, est estimée à 17 millions d’euros. Cette solution enchaîne toute une collectivité à une technologie complexe et des coà »ts d’entretien énormes (panne des pompes, glissements de terrains, etc…) et risque, comme beaucoup de projet de ce type, de coà »ter beaucoup plus chers que les devis initiaux. Et ce sera au Conseil Général, c’est-à -dire à nous, de mettre encore la main à la poche.
Idem pour l’adduction d’eau sur 10 km, où cette année, le syndicat des eaux du Center Parcs de Picardie sera en faillite si son Conseil Général n’intervient pas financièrement !
Se tromper n’est pas grave, persister là oui, c’est faire courir un risque qui pourrait nous coà »ter cher à tous
L’argument de l’emploi ne tient pas … On fait prendre tous les risques à une collectivité qui fait un pont d’or à une entreprise privée cotée en bourse, qui elle, va dégager une plus-value immobilière très confortable. Ce projet ne résout pas la problématique des 3500 à 4000 demandeurs d’emplois locaux restants… D’ailleurs, que pourra-t-on leur proposer une fois les poches vides et les recettes futures de la collectivité aliénées à ce projet ?
En conclusion, si vous êtes choqués par ce vous venez de lire, et que vous souhaitez prendre votre avenir en mains, en refusant de laisser la gestion de votre région et de votre environnement aux choix politico-financiers des décideurs actuellement en place, nous vous invitons à nous rejoindre dans ce combat qui se joue aujourd’hui en justice. Le montant de l’adhésion ( 10 euros ) est exclusivement consacré à financer les frais de procédure.
Stéphane PERON
Président de Pour les Chambaran Sans Center Parcs.
1910 route de la Verne 38940 ROYBON
http://www.pcscp.org