Représailles ? Intimidation ? La Frapna serait, à l’en croire, victime de ses prises de position dans le dossier sensible du Center Parcs.
C’est en tout cas ce qu’elle confirme dans un communiqué adressé ce 25 novembre. Intitulé « Center Parcs Roybon : la Frapna Isère sacrifiée par le département pour sa cohérence et son indépendance politique dans le dossier ?  », ce dernier rend publique la lettre recommandée adressée à Alain Cottalorda, président du Conseil général de l’Isère.
La ligne jaune†serait franchie
Dans ce communiqué, la Frapna précise que des élus du Conseil général auraient vu d’un très mauvais œil les actions en justice menées contre le Center Parcs de Roybon par la Frapna.
Manifestation des opposants au Center parc des Chambarans lors du démarrage des travaux. © Patricia Cerinsek
Des actions qui hypothèqueraient la reconduite du « partenariat  » avec le Conseil général. « En autorisant son Union régionale à saisir la justice pour demander l’annulation des dernières autorisations préfectorales dont avait besoin Pierre et Vacances, la Frapna Isère aurait, selon une partie des élus de gauche composant l’actuelle majorité départementale, franchi une ligne jaune, dévoyé sa charte et rendu impossible le renouvellement d’un partenariat historique avec le département.  »
Loin de regretter ses prises de position, la Frapna réaffirme au contraire son engagement dans ce dossier. « Depuis octobre 2008, fidèle à son éthique partenariale avec le Conseil général, la Frapna Isère n’a pas cessé d’alerter élus et techniciens sur l’inadéquation du site d’implantation de ce projet, vaste zone humide à très haute valeur patrimoniale.  » Et celle-ci de rappeler au passage les « inextricables problèmes techniques, juridiques et l’opposition exponentielle à ce projet  ».
Pression inacceptable sur un lanceur d’alerte
Après avoir rappelé les résultats tangibles de ce partenariat dans le domaine de la protection de l’environnement, la Frapna attire l’attention sur la signification d’une telle décision et les répercussions qu’elle pourrait avoir. « Rayer d’un trait de plume ce partenariat, c’est nier le travail militant et associatif des dizaines d’associations locales iséroises membres de la Frapna et des autres collectivités locales impliquées, telles que le Conseil régional de Rhône-Alpes et Grenoble-Alpes Métropole qui s’appuient sur notre expérience et notre expertise.  »
Un bénévole de la Frapna intervenant dans une école primaire. © École de Myans
La fédération de protection de la nature ne mâche pas ses mots. Elle dénonce un « scandale politique potentiel  » et la « pression inacceptable sur un lanceur d’alerte reconnu  ». Les membres de son conseil d’administration appellent tous les conseillers généraux à « faire Å“uvre de sagesse  » et « à réfléchir à l’énormité de ce qui est en jeu  ».
Quoi qu’il en soit, la Frapna Isère entend bien ne pas se laisser intimider et compte défendre ce qu’elle considère comme un « droit au renouvellement de sa convention de partenariat.  » A ses yeux, en dehors même du dossier Center Parcs, c’est le rôle qu’elle joue au service de l’ensemble des habitants de l’Isère qui est « aujourd’hui gravement mis en péril  ».
200 000 euros en jeu
Francis Meneu, président de la Frapna Isère. © Nils Louna
Francis Meneu, le président de la Frapna Isère, aurait appris la nouvelle le 7 novembre dernier, au moment de son audition par les élus de l’intergroupe de la majorité départementale du Conseil général présidée par Didier Rambaud, suite à une convocation de ce dernier.
Interrogé le matin sur l’évolution de la position de la Frapna sur le dossier Center Parcs, il a appris dans l’après-midi qu’il ne se dégageait pas de majorité pour renouveler les subventions. Si celles-ci étaient effectivement remises en question, cela représenterait près de 200 000 euros de ressources en moins pour la fédération départementale, dont 27 000 euros consacrés au Festival du film nature et environnement de 2015.
« André Vallini est furieux que la Frapna ait déposé les premiers recours judiciaires contre le projet  », confie une source proche du dossier. L’ancien président du Conseil général de l’Isère, aujourd’hui secrétaire d’État en charge de la réforme territoriale, a de son côté refusé de donner suite à notre demande d’interview. Et nous a renvoyés sur Alain Cottalorda, actuel président, affirmant qu’il s’agissait d’un dossier qui relevait du Conseil général.
© Frapna
Interrogé à ce sujet, Alain Cottalorda nous a quant à lui répondu via un communiqué de presse du Conseil général de l’Isère, adressé le 21 novembre dernier.
« Pour répondre à des interrogations relatives à une possible remise en question des subventions accordées à la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature), le Conseil général de l’Isère tient à préciser que cette subvention a été normalement votée en décembre 2014. (sic) Comme chaque année, les montants des subventions du Conseil général accordés aux associations sont inscrits dans le budget 2015 et leurs répartitions seront examinées lors du vote du budget.  »
Un communiqué qui n’en dit donc pas plus pour la suite… Face aux difficultés attendues, la Frapna a d’ailleurs annoncé qu’elle allait lancer un grand appel à dons intitulé « Ensemble, Sauvons le Hérisson !  »
Mailys Medjadj et Paul Turenne
Source : http://www.placegrenet.fr/center-parcs-frapna-isere-se-dit-menacee-suite-ses-actions/
Complément d’information et dossier de la FRAPNA Isère
Voir aussi un autre article sur FR3 Alpes : Affaire du Center Parcs de Roybon : la FRAPNA Isère craint un retour de bâton