Monsieur ou Madame,
Sur votre site Internet, vous mettez en avant " le travail de négociation ardu et ingrat " que vous menez, " dans le cadre des mesures compensatoires ", aux dommages causés par l’implantation du Center Parcs de Roybon.
L’évocation même de compensations atteste de la nocivité de ce projet.
Comment, entre autres, la réhabilitation du Grand Albert dans les Bonnevaux, le reboisement de quelques hectares ici ou là , pourraient-ils compenser le pillage de l’eau dans la nappe phréatique de la Bièvre, le bétonnage de la campagne pour implanter des résidences de loisirs quand rivages et montagnes sont déjà défigurés par les promoteurs ?
Quels dédommagements pour les habitants de Roybon et des campagnes et villages environnants, face au bruit, à la pollution, aux risques d’accidents sur des routes inadaptées, causés par deux à trois milliers de véhicules par semaine ?
Quelles compensations à la mort programmée d’une forêt de deux cents hectares et de la flore et de la faune qu’elle abrite ?
Peut-on accepter qu’une forêt, libre d‘accès depuis la fin du 13ème siècle, soit encerclée de clôtures pour le seul bénéfice de Pierre et Vacances et des spéculateurs qui y achèteront leur cottage ?
Dans votre courrier à Mr Bigotte, commissaire enquêteur, vous êtes beaucoup plus circonspects. Je remarque cependant que, si comme beaucoup d’autres, vous êtes très attentifs aux zones humides, à la flore et à la faune, il n’y a aucune réserve concernant les habitants. Que ne sommes-nous des écrevisses à pattes blanches, nous serions infiniment mieux protégés !
«  L’intérêt économique et social «  aurait «  prévalu «  dans l’accord que vous apportez à Center Parcs. Mais, ce me semble, les acteurs économiques et sociaux de la région grenobloise, et en particulier la chambre de commerce, étaient favorables à la roccade, or, cela n’a pas gêné votre contestation. Sans doute avez-vous eu raison. Pourquoi deux poids deux mesures ?
L’argent public ne pourrait-il pas être mieux utilisé que dans la construction de ce centre de vacances dont les bénéfices iront dans la poche de Pierre et Vacances ou des investisseurs immobiliers, pendant que les coà »ts seront pris en charge par la collectivité ? Ne vaudrait-il pas mieux encourager le tourisme à l’échelle humaine alors que que les pêcheurs du lac de Roybon voient les truites disparaître dans la vase qui encombre le fond et que les baigneurs se transformaient en petits hommes verts à cause des algues ?
Des lieux d’accueil pour les citadins ? pourquoi pas, mais pas mille cottages derrière des barrières, avec une " bulle " chauffée, air et eau, en permanence à 29 degrés, des palmiers et autres arbres des forêts tropicales, un mépris total de la réalité qui amène à aménager une ferme à montrer aux enfants, alors qu’il y en a encore des " vraies " dans les Chambarans.
Par ailleurs on manque de maisons de retraite, de lieux d’accueil pour les malades d’Alzheimer ou pour les enfants en difficultés. Ce serait de vrais emplois qui seraient ainsi créés tout en apportant un service au public.
Et si, au lieu d’essayer, douloureusement, de chercher d’impossibles compensations à un projet destructeur, vous reveniez à ce qui était jusque là votre objectif : la défense de la nature, de l’environnement, de la biodiversité ?
Vous demandez à chacun de devenir des «  sentinelles de l’environnement «  . J’ai essayé de jouer ce rôle, et, dans l’espoir que vous voudrez bien tenir compte de mes remarques, je vous prie d’agréer mes salutations.