En octobre 2012 est paru un article ( consultable à la fin ) "Pro center Parcs" dans le magazine entretenant une dévotion sans retenue à la politique du président du Conseil Général : Isère magazine
Cet article choquant, scandaleux mérite une réponse, dont vous vous doutez, le président ( et Sénateur ) VALLINI , n’en supporterait pas 2 lignes dans SON magazine ..
Nous vous invitons donc à lire les lignes qui suivent et à faire connaitre cette réponse à tous autour de vous ...
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« CENTER PARCS » DANS LES CHAMBARAN : LES ENSEIGNEMENTS DE L’ARTICLE PARU DANS « ISERE MAGAZINE »
Sous le titre «  Ils ont dit  », un encadré contenant une photographie virile des deux principaux protagonistes de l’affaire -du siècle, à les en croire -, commence par ce titre racoleur : «  L’Isère est-elle trop riche pour dire non ? » A quoi nous répondons sans hésiter ; «  l’Isère n’est pas assez riche pour dire oui !  ».
En effet, pour qui a un peu étudié de manière objective le dossier, l’accueil du Center Parcs dans les Chambaran se ferait au prix d’une véritable gabegie d’argent public. Ce sont des sommes colossales qui seraient investies par les collectivités territoriales, Département et Région, les Établissements Publics Intercommunaux et l’État. Pour la morale de l’histoire, rappelons qu’entre autres gracieusetés, l’opération donnerait lieu au versement à ses bénéficiaires de l’aide normalement accordée aux créateurs de gîtes ruraux – les candidats potentiels apprécieront -, et à l’utilisation d’une niche fiscale sur mesure venant grever encore un peu plus les finances de l’État ! A tel point que le coà »t public de chaque création d’emploi peut être évaluée à une somme se situant entre 230000 et 250000 € !
Toute personne un peu avertie, et on ne l’est pas moins en Isère qu’ailleurs, aura compris qu’à ce prix, et même pour beaucoup moins, on pourrait soutenir de manière ciblée la création de centaines d’emplois de proximité, pérennes et d’un autre intérêt professionnel que ceux proposés par le Center Parcs. En outre, un calcul simple que l’on peut retrouver sur notre site, montre que rapporté au nombre de chômeurs existant en France, la généralisation des aides publiques accordées généreusement pour ce dernier représenterait plusieurs centaines de milliards d’euros, soit un pourcentage significatif de la dette totale de notre pays. Certes, les adeptes du projet semblent se moquer complètement de cet aspect des choses, peu important pour eux que leur action ne soit pas généralisable. Est- ce alors faire preuve d’idéologie que de considérer que tous les citoyens placés dans des conditions identiques doivent bénéficier d’un traitement égal, comme le proclame la devise républicaine inscrite au fronton de nos mairies ?
En tout cas, les auteurs de l’article d’Isère Magazine n’échappent pas à une triste idéologie qui frise heureusement le ridicule, lorsqu’ils stigmatisent les opposants au Center Parcs «  qui pour beaucoup ne sont même pas du pays  »Â ! D’abord, le propos se révèle inexact, car sur les milliers de signatures recueillies par notre pétition, beaucoup sont locales ! Mais surtout, au moment où le comportement des hommes dans une partie du monde retentit sur la vie de tous les autre (ainsi de la destruction de la forêt amazonienne), comment est-il possible de déplorer l’intervention de gens qui n’habitent pas ROYBON, mais ailleurs en Isère, dans la Drôme ou la Savoie.., soit à moins de 100km des Chambaran ? Chacun ne manquera pas d’apprécier, mais un chauvinisme aussi étroit est loin de correspondre aux enjeux de notre temps. Au delà d’un point de vue philosophique ou moral, et à n’en rester qu’à l’idéologie étriquée du propos, celui-ci encourt de vives critiques sur son propre terrain. Car soutenir que hormis les habitants de ROYBON ou de ses environs, personne n’est habilité à critiquer le projet, c’est oublier un peu vite qu’il sera largement financé par tous les contribuables de l’Isère, de la région Rhône Alpes et même par tous les contribuables nationaux en ce qui concerne les niches fiscales. Payez et taisez vous, tel est donc la conception qu’ont de la démocratie nos censeurs, et l’on comprend aisément qu’elle ne fasse pas l’unanimité. D’autant que, comme l’ont souligné de nombreux élus au cours de nos réunions publiques, ce ne sont pas les mêmes qui bénéficieront d’éventuels avantages du Center Parcs et pâtiront des nombreuses nuisances induites par une ville nouvelle de 5000 habitants. Quant aux retombées économiques avancées par les adeptes du projet, la pérennité de l’usine à loisirs programmée est loin d’être assurée. Peu importe à «  PIERRE ET VACANCES  » qui réalisera une opération immobilière juteuse en laissant tous les risques aux collectivités qui dépenseront à tour de bras sans aucune garantie.
Tout cela est déjà fort grave, mais il est un sacrifice que l’on ne compte pas : le saccage d’une partie de notre belle forêt des Chambaran. Certes, nous dit-on, elle est tellement vaste que le prélèvement de 200 ha ne se connaîtra pas. L’affirmation est fausse car son classement protecteur répond précisément à la volonté de préserver les grands espaces non urbanisés devenus hélas trop rares. Il y va de la survie de la faune et de la flore, bref, de la biodiversité, sans parler des ressources en eau qui seront fortement impactées. Quant à prétendre, comme l’ancien ministre ALLEGRE, que l’Homme prime sur la planète, c’est oublier que la seconde peut se passer du premier, mais pas l’inverse !
Et les meilleures simulations informatiques destinées à donner l’impression d’une ambiance nature n’empêcheront pas ceux qui connaissent le site de regretter les bienfaits tellement nombreux qu’il procure aujourd’hui, à tous et gratuitement.
Idéologie, nous reproche t-on ! Philosophie de la vie, certainement. Peu importent d’ailleurs les mots, seuls les naïfs ou les tricheurs qui veulent tromper leurs semblables nient que l’idéologie est partout. C’est comme la prose, tout le monde en fait sans le savoir, et les adeptes du projet de Center Parcs témoignent d’une foi quasi religieuse en l’idéologie productiviste qui voudrait que tout soit sacrifié à la croissance envisagée comme la seule issue possible pour l’humanité. On voit bien où nous conduit cette croyance, et nous disons aux élus qui nous l’assènent comme vérité incontestable, que nous continuerons à nous battre pour que la nature ne soit plus considérée comme la variable d’ajustement de tous nos excès et égarements.
A d’autres le train de sénateur, un idéal infiniment plus exigeant nous pousse à investir nos forces, notre temps, la chaleur humaine qui nous lie, dans la lutte pour sauver les Chambaran d’un massacre programmé. Ainsi pensons nous servir durablement l’intérêt collectif avec le seul plaisir qui compte vraiment, celui de vivre conformément à ses valeurs. Pour finir, un grand merci à tous ceux, et ils sont nombreux, qui nous accompagnent, d’une manière ou une autre, dans cette voie.
Stéphane PERON
Président de "Pour les Chambaran Sans Center Parcs"