PCSCP
Pour les Chambaran Sauvegardés et les Communs Protégés

Décembre 2011 : Réponse de Mme PISTONE à la mairie de Roybon

par PCSCP Stéphane PERON.
Mis à jour le lundi 30 janvier 2012

Ce texte était la réponse à un article paru dans le journal municipal de Roybon en novembre 2011. Dans cet article, un – ou des – anonyme expliquait que l’implantation d’une ville de 5000 habitants, dans les Chambarans, n’aurait aucune impact sur l’eau dans la région. Pour pouvoir paraître en tribune libre, le texte a dû être raccourci à trois cents mots. Il a paru, dans le numéro de décembre avec, bien sûr, « chapeau et sabot ». J’apprécie pourtant que le conseil municipal ait joué le jeu de la démocratie. Voilà le texte dans son intégralité.

Dans le numéro de novembre de « Vivre à Roybon », un article, non signé, répond aux inquiétudes exprimées par certains habitants au sujet de l’eau. « Eau et Center-Parcs : halte aux idées reçues », titre l’article. Je vais essayer d’y répondre.

Le Center-Parcs ne consommerait pas beaucoup d’eau.

« Pierre et Vacances » construirait à deux pas de Roybon «  mille cottages représentant en matière d’assainissement 6000 équivalents-habitants » pour une population de 5000 habitants. ( chiffre donné par le document de « Territoire 38 » ), Ce serait une ville plus importante que Beaurepaire. Des extensions du village : nouveau lotissement, création de logements en cœur de village, installation de nouveaux commerces, augmenteraient encore la population.

Même si les touristes ne consomment pas plus d’eau qu’un Français « normal » - encore que les cottages ne soient équipés que de salles de bains avec baignoire ce qui n’est pas très économe - cela fait quand même beaucoup d’eau !

Il y aurait aussi « l’aquamundo ». C’est une « bulle » de 9000 mètres carrés, surface supérieure à celle d’un terrain de football, chauffée en permanence à 29 degrés. « Dans l’eau, sous l’eau, au bord de l’eau... l’eau s’apprécie sous toutes les formes à L’Aqua Mundo. Toboggans, piscine à vagues, Pistes d’eau, Rivière Sauvage, bain à remous... Et bien sûr, l’incontournable Arbre à Eau ! Immense espace de jeux d’eau suspendus composé de toboggans, de pistolets à eau et d’un seau d’eau qui déverse en toute sécurité 900 litres d’eau sur les baigneurs. La plus belle de toutes les activités étant la plongée avec masque et tuba dans le bassin aux coraux et parmi les poissons tropicaux. Vous évoluerez dans une eau turquoise et transparente qui traverse des jardins tropicaux en forme de palmeraie, de bambouseraie ou de jungle de cocotier. » Voilà, relevé dans les différentes publicités de Pierre et Vacances, tout ce qui peut vous inciter à aller dans les Center-Parcs profiter de «  ce véritable paradis aquatique et tropical, unique au monde » Quel volume d’eau pour cet espace aqualudique ?

Dans son enquête de mars 2010, la direction générale de l’environnement de la région Rhône Alpes note que «  le prélèvement lié directement au Center-Parcs fait augmenter la demande en eau potable sur le bassin de Bièvre-liers-Valloire de 15% ». Quand on sait que la région, chaque année, est en vigilance sécheresse on a de quoi être inquiets.

Aucune ressource en eau ne serait menacée.

Le site, sur lequel s’implanterait Center-Parcs, recouvre partiellement un aquifère connu sous le nom de « molasse du miocène ». Le plateau de Chambaran est une zone d’alimentation majeure de cette couche de terrain poreuse de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Je ne suis ni géographe, ni géologue, mais je n’ai pas de raison de contester les travaux du SDAGE (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) Rhône-Méditerranée, qui considère cette zone comme le « château d’eau de la nappe de la molasse et des cours d’eau liés », zone qu’il faut « protéger prioritairement ».

« Le site est par ailleurs identifié à 85% comme zone humide …. Les zones humides participent au maintien de la qualité de l’eau par auto épuration, elles jouent également un rôle hydraulique en termes de secteurs naturels d’expansion des crues, de ralentissement du ruissellement et de soutien naturel des étiages » L’imperméabilisation et le remaniement du sol, le drainage, détruiraient 62 hectares de zones humides. Peut-on se satisfaire du projet de compensation qui prévoit de restaurer, dans un autre lieu du département, le double de surface de zones humides détruites ? Les riverains de l’Herbasse, plus encore que ceux de la Galaure, seraient-ils satisfaits d’apprendre que grâce à la destruction de la zone humide des Avenières, zone capitale pour tout le bassin de cette rivière, l’étang du Grand Albert dans les Bonnevaux serait réaménagé ?

Le transfert des eaux des bassins de la Bièvre et de la Galaure ne poserait pas de problèmes.

La direction régionale de l’environnement, dans son rapport sur la station d’épuration de la station de St Marcellin, note que les eaux usées de Roybon et du Center-Parcs parcourront 27 kilomètres dont 11 en refoulement : il faudra les faire remonter par des pompes. N’oublions pas que les collines de Chambarans ne descendent pas gentiment et uniformément vers la vallée de l’Isère, d’autant que l’on ferait passer cette conduite par Chasselay et Varacieux. Le rapport précise encore que ce choix présente des potentialités d’impacts non négligeables sur les aspects faune, flore et lieux humides. La canalisation, enfouie à une profondeur de 1,5 à trois mètres, ce qui engendrerait un risque de drainage, traverserait des zones de captage.

Ce transfert permettrait d’améliorer la qualité des eaux de la Galaure qui ne recevrait plus les eaux de Roybon polluées en raison de l’insuffisance de la station d’épuration. Mais en été, le débit de la rivière déjà très faible, diminuerait encore posant de graves problèmes pour les espèces de poissons protégées. Dans une lettre au conseil général de la Drôme, les deux associations de pêcheurs de la Drôme et de l’Isère s’en inquiètent. Elles notent aussi que « ce basculement de la ressource sur un autre bassin versant ne peut qu’être fortement dommageable ». Le rapport du Conseil régional n’est pas moins sévère : ce rejet dans l’Isère « constitue une réelle atteinte au principe de respect du cycle de l’eau ».

Alors ? L’installation d’un Center-Parcs ne poserait aucun problème pour l’alimentation en eau de la région et n’entraînerait aucun dommage à sa qualité ? Certains peuvent le croire, de bonne foi je pense. Les différents rapports que j’ai pu lire vont tous à l’encontre de cette opinion : quantité et qualité de l’eau seraient gravement menacées par ce projet, que ce soit dans le bassin de la Galaure, dans celui de l’Herbasse ou dans la Bièvre.

Pierre et Vacances, dans son long rapport qui était consultable en mairie, reconnaît que « L’hydrogéologie du plateau est mal connue ». Peut-on accepter que certains, jouant les apprentis-sorciers, hypothèquent l’avenir des générations futures ?

Alors ? L’installation d’un Center-Parcs ne poserait aucun problème pour l’alimentation en eau de la région et n’entraînerait aucun dommage à sa qualité ? Certains peuvent le croire, de bonne foi je pense. Les différents rapports que j’ai pu lire vont tous à l’encontre de cette opinion : quantité et qualité de l’eau seraient gravement menacées par ce projet, que ce soit dans le bassin de la Galaure, dans celui de l’Herbasse ou dans la Bièvre.


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