Le tribunal administratif de Grenoble dira ce matin s’il suspend les travaux du Center Parcs de Roybon.
Forêt rasée, zones humides détruites, espèces menacées... Telle est la réalité du projet Center Parcs, au nom des retombées économiques. Mais derrière Center Parcs, il y a un groupe, Pierre et Vacances, aux finances fragiles. Enquête sur un système qui survit grâce aux cadeaux fiscaux et à l’argent public.
« Aujourd’hui, l’entreprise est propriétaire de plusieurs labels : Maeva, Aparthotels Adagio, Sunparks, ainsi que la société néerlandaise Center Parcs Europe, achetée en 2001 par Pierre et Vacances grâce à l’aide d’une filiale de la banque allemande Deutsche Bank. »
La stratégie : faire venir des Chinois
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En mai 2013, le groupe avait annoncé un plan de relance baptisé « WIN 2016  », dont l’objectif est de créer « une croissance et une profitabilité durables  ». Le but : accroître de 5 à 6 % d’ici fin 2016 le taux de résultat opérationnel courant en rapport au chiffre d’affaires. Comment ? En réorganisant le modèle de business, et en misant sur les clients étrangers. »
« Pierre et Vacances vient en effet de signer une lettre d’intention avec la société chinoise Beijing Capital Land, afin d’établir un partenariat sur longue période. Le groupe français veut développer des sites touristiques dans le Pays asiatique, basés sur le concept des Center Parcs européens. »
Le piège de la défiscalisation
« Selon une enquête publiée en février 2013 par le magazine Capital, ces mauvais résultats ne sont pas dus seulement au ralentissement de l’économie : « C’est le modèle de Pierre & Vacances qui est remis en cause. Le promoteur s’est retrouvé pris à son propre piège : celui de la défiscalisation  ».
Comment cette défiscalisation marche-t-elle ? Un résumé précis du business-system de Pierre et Vacances a été publié par le groupe Europe-Ecologie Les Verts : « La société construit, via des filiales (à chaque site, une filiale spécifique), des hébergements touristiques qui sont vendus sur plan  ». Qui veut investir dans le tourisme peut donc acheter un logement « clefs en mains  ». »
« Cela à cause d’un amendement à la loi de Finance 2013, déposé par Jérôme Cahuzac, à l’époque ministre du budget, et qui parait taillé sur mesure pour certains grands groupes du tourisme. »
Chômage et précarité
« Au contraire, poursuit-elle, « le Center Parcs aura les mêmes effets sur le tourisme doux et rural que les sites Amazon sur les librairies, que les hypermarchés sur les commerces de centre-ville et que le maïs OGM américain sur les petits paysans mexicains après les accords de libre-échange : loin des nombreux emplois promis, ils ont aggravé le chômage et la précarité au sein de la population  ». »